Une affaire politique
Publié le 18/10/2023 2 minutes de lecture
Ne réduisons pas la décarbonation à ses aspects techniques, scientifiques et financiers. Il n’y aura pas de changements profonds sans les ingénieurs et les scientifiques ; on n’avancera pas sans les industriels et les banquiers. Mais la décarbonation est d’abord une affaire politique. Les inventeurs, les chercheurs, les patrons ne gouvernent pas — même s’il leur arrive d’en rêver. Diriger le pays, c’est l’affaire de nos élus. Rappelons cette évidence : notre système est démocratique. Décident pour la nation ceux qui ont été choisis par le peuple, au niveau national comme au niveau local. A Paris et dans nos provinces.
Décarboner, cela signifie modifier toutes nos pratiques, individuelles et collectives. Je parle d’un bouleversement social d’une complexité inouïe. Nous n’y arriverons pas si nous ne plaçons pas les politiques au cœur du processus, singulièrement les maires, élus de proximité par excellence. Aussi faut-il les convaincre, leur parler, et surtout les écouter. Eux savent ce que les Français peuvent accepter, ou refuser. Eux savent ce qui fera consensus, et ce qui créera des troubles. Eux savent qu’on ne dirige pas un pays à coup d’injonctions venues de Paris.
Il faut avancer vite mais il faut rester uni. Les mesures dites de décarbonation peuvent être populaires. L’écologie n’est pas condamnée à être punitive. Le temps de la concertation n’est jamais du temps perdu. Le parlement ne gagne rien à voter des textes qui sont rejetés par une partie de la société, et que les élus locaux, les maires en tête, n’assument pas. Passer en force, c’est la garantie de l’échec, à court ou à moyen terme. Nous avons vécu plusieurs crises sévères (« bonnets rouges », « gilets jaunes ») et nous ne devrions plus tomber dans ce piège. Les leçons, hélas, s’oublient rapidement… Décarboner, c’est vital. Raison de plus pour chercher un consensus.
Guillaume Doyen
Directeur de la rédaction de « La Gazette des communes »