Sobriété et technologies, les deux priorités de l’Ademe pour la transition écologique

Publié le 04/06/2024      4 minutes de lecture

Début avril, l’Ademe a organisé au Havre le Grand défi écologique. À cette occasion, Sylvain Waserman, son PDG a accordé une interview exclusive à L’Usine Nouvelle. Ancien Vice-président de l’Assemblée nationale de 2017 à 2022 (Mouvement démocrate), celui qui a aussi créé le cabinet-conseil «Acting 4 A Sustainable World» veut contribuer à l’accélération de la transition écologique.

Sylvain Waserman

Au centre de la transition écologique et énergétique de la France, l’Ademe veut avant tout «éclairer, parfois inspirer, la décision publique. C’est ce qu’on fait quand on instruit le bonus-malus sur les voitures électriques et que nous avons proposé de tenir compte des conditions de fabrication. Notre deuxième rôle, c’est l’accélération de la transition écologique», indique Sylvain Waserman. Le nouveau patron de l’agence (depuis juillet 2023) est un ancien député alsacien issu du Modem devenu, de 2017 à 2022, vice-président de l’Assemblée nationale. Entre-temps, il avait créé son cabinet-conseil en transition écologique, Acting 4 A Sustainable World. À partir de 550 propositions, il a consulté les équipes en place pour élaborer sa feuille de route et présenter six priorités. Alors que la France a enregistré une forte baisse de ses émissions de gaz à effet de serre en 2023 [- 4,8 % à 384,5 Mt CO2eq., selon le Citepa], «le temps n’est plus aux grands discours, on est dans celui de l’action», clame-t-il.

La sobriété mais pas la caverne

En 2021, l’Ademe avait publié quatre scénarios dans «Transition(s) 2050», mis à jour en 2024. «C’est d’abord un outil pédagogique. Ce sont quatre modèles de société, quatre chemins possibles ayant le même objectif de décarbonation. Ils ne sont pas caricaturaux. Le scénario sobriété, ce n’est pas la caverne. Et le scénario technologie n’est pas “2001, L’Odyssée de l’espace”. Ce sont toujours des ensembles cohérents, avec des majeures et des politiques publiques. À chaque fois, on regarde l’impact en termes de modèles et de choix de société. Donc pour moi, c’est un cadre», martèle Sylvain Waserman.

Pour sensibiliser le public, l’organisme n’y est pas allé de main morte. En novembre 2023, sa campagne sur les «dévendeurs» a hérissé le poil du secteur de la distribution, déjà fragilisé par l’inflation. «Avec cette campagne, le ministre de la Transition écologique a mis le sujet sobriété sur la place publique avec force», justifie-t-il. Le dirigeant ne désarme pas, il souhaite réitérer une campagne de communication sur ce modèle avant le prochain Black Friday, en ciblant cette fois la fast fashion. «Ces campagnes coûtent cher, mais là, pour le coup, c’étaient de bons euros investis», souligne-t-il. L’Agence a aussi travaillé sur l’étiquetage environnemental qui entrera en vigueur à l’automne sur les vêtements : «C’est un enjeu majeur. Il faut habituer les Français à regarder le prix et le coût carbone associé». De même, il rappelle que, dès 2026, il y aura une clause environnementale obligatoire pour tous les marchés publics. Il prévient les entreprises : «Si vous ne vous intéressez pas à votre décarbonation, vous êtes “out of business”. Vous prenez un risque existentiel. Il faut aussi évaluer la robustesse de votre plan de décarbonation. Pour cela, l’Ademe développe la méthodologie Assessing carbon transition (ACT), qui donne une note sur la solidité et la crédibilité de votre démarche de décarbonation.»