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SBTi : l’anti greenwashing

Publié le 12/01/2024      2 minutes de lecture
A l’heure où il est devient difficile de différencier engagement réel et simple affichage en matière de lutte contre le réchauffement climatique, l’initiative SBTi (Science Based Targets initiative) s’impose progressivement comme la référence en matière de certification. Un succès dû aux méthodologies scientifiques proposées par l’initiative
SBTi : l'anti greenwashing

Organisme à but non lucratif, la SBTi a été lancée en 2015 par World Wildlife Fund (ONG de protection de l’environnement), World Resources Institute (ONG de recherche environnementale), le Carbon Disclosure Project (ONG qui analyse et publie les émissions de gaz à effet de serre des grandes entreprises) et le Pacte mondial des Nations unies (initiative internationale de développement durable et de responsabilité sociétale des entreprises).

Le collectif SBTi propose aux acteurs économiques publics et surtout privés de les aider à répondre aux objectifs de la COP 21 (1,5° maximum de hausse des températures) en faisant de cette transition un avantage compétitif. Les entreprises qui décident de rejoindre l’initiative s’engagent à respecter les préconisations des scientifiques du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sur les scopes 1 et 2, mais aussi sur le scope 3 s’il représente plus de 40% de leurs émissions de GES (gaz à effet de serre).

 

Une triple action

 

La SBTi agit sur trois axes :

– la vulgarisation scientifique et la définition des pratiques à mettre en œuvre pour atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050

– l’accompagnement des entreprises dans cette démarche en leur proposant l’aide d’experts scientifiques

– l’évaluation et la validation des résultats des politiques mises en place.

La SBTi possède l’habilitation pour noter les entreprises et leur décerner un certification carbone.

 

Comment rejoindre l’initiative ?

Rejoindre l’initiative représente pour l’entreprise candidate un investissement qui va bien au-delà d’une simple démarche marketing. Pour obtenir et conserver le label SBTi, elle doit signer une lettre l’engageant à suivre une démarche scientifique pour réduire ses émissions de GES. Puis, avec l’aide

des experts de la SBTi, elle devra coucher noir sur blanc ses objectifs sur 24 mois en les fondant sur les critères de définition de la SBTi, en déterminant une quantité maximale d’émissions de CO2 et une année de référence, en identifiant les leviers d’action pour parvenir au but fixé. Un jury d’experts mandatés par la SBTi validera ensuite ces engagements, le budget carbone prévu pour les atteindre, les conditions de réalisation d’audits fiables. Enfin, l’entreprise devra rendre public ses objectifs, sa progression annuelle, le montant de ses émissions de GES.

Pour l’instant, l’initiative reste peu connue du grand public. Mais y participer peut contribuer à remporter des appels d’offres, à attirer des talents, à convaincre des banquiers ou investisseurs. Demain, cela permettra de séduire une plus large clientèle. Car plus les températures monteront, plus les catastrophes climatiques impacteront les populations, plus l’engagement éthique constituera un critère de choix.

Décarboner le portefeuille des institutions financières

Selon la SBTi, plus de 4 000 entreprises auraient déjà vu leurs objectifs d’émissions certifiés par ses experts. D’autres trouvent les conditions imposées trop drastiques et la quittent. Quatre banques (Société Générale, Standard Chartered, HSBC et ABN Amro) ont ainsi renoncé au label en novembre 2023, car pour le conserver elles doivent renoncer à financer le secteur des énergies fossiles. La SBTi prévoit également de lancer une nouvelle norme d’assurance nette zéro dédiée aux institutions financières. Elle doit permettre de décarboner leurs portefeuilles de souscription d’assurance. « Les réassureurs détiennent une part importante des actifs et des passifs mondiaux dans leurs bilans, dont environ 6 800 milliards de dollars américains en volume de primes et plus de 35 000 milliards de dollars américains d’actifs mondiaux sous gestion. Cela pourrait permettre aux compagnies d’assurance de favoriser la transformation nécessaire pour atteindre une économie nette zéro », estime la SBTi.