« Pour décarboner, nous essayons de trouver des matériaux locaux et de développer des solutions locales », Pierre Bernard (Eqiom)
Publié le 29/01/2024 5 minutes de lecture
Trois cimenteries d’Eqiom sont concernées par le plan de décarbonation des 50 sites industriels les plus émetteurs de CO2 du pays. Le responsable de la fabrication de ciment du groupe explique au Moniteur.fr les actions envisagées pour atteindre un objectif de réduction de 61% des émissions d’Eqiom.
Vous avez fourni au gouvernement les objectifs de réduction des émissions de CO2 de vos cimenteries de Lumbres (Pas-de-Calais), Héming (Moselle) et Rochefort-sur-Nenon (Jura) sur la base de deux scénarios : un « central » et un « ambitieux ». Tous deux affichent une réduction de 61% des émissions d’ici à 2030. Tout d’abord, par rapport à quelle année de référence vous basez-vous ?
La réduction de nos émissions de CO2 est calculée à partir de nos émissions en 2019. Et nous avons fixé deux objectifs, l’un en 2030 et l’autre en 2050 en cohérence avec la stratégie nationale bas-carbone de la France.
Quel site fera l’objet des plus gros investissements ?
Le site sur lequel l’investissement le plus important est prévu est le site de Lumbres (voir encadré) mais de manière générale nous mettons en place des leviers pour la décarbonation sur l’ensemble de nos sites. Nous essayons de trouver des matériaux locaux et de développer des solutions locales. Transporter des matériaux sur 3000 km, ça peut se justifier, mais dans une démarche de sobriété et d’économies de CO2, il est plus intéressant de trouver des ressources locales et d’adapter la technologie de chaque usine à ces matériaux. Nous essayons par exemple de récupérer des cendres volantes sur d’anciens sites de dépôt. Si vous êtes à proximité d’un tel site, ça fait sens de les récupérer, moins si vous êtes à 2000 km. C’est pareil pour les argiles calcinées, il y a des zones plus riches en argiles réactives que d’autres.
Toutes nos entités travaillent sur leur roadmap avec des succès intéressants. Des essais sont menés et des projets sont appelés à se développer sur tous les sites. Parce que chacun d’entre eux doit parvenir à fournir au marché des produits qui seront validés par les normes de la construction.
K6, l’ambitieux projet pour Lumbres
Plus ancienne cimenterie de l’Hexagone, l’usine d’Eqiom à Lumbres (Pas-de-Calais) est lancée dans la mise en oeuvre de « K6 », un programme destiné à en faire la toute première cimenterie neutre en carbone d’Europe avec la capture de 8 Mt de CO2 sur les dix premières années d’exploitation dès 2028, avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Une première phase du projet prévoit la construction d’un nouveau four de cuisson du clinker, doté d’une plus grande capacité de production et voué à remplacer les deux fours actuels. Sa mise en service, programmée en 2026, permettra à la cimenterie de réduire de 20% ses émissions de CO2 par tonne de clinker.
Ou encore d’augmenter significativement la part de combustibles valorisés,
soit 250 000 t contre 140 000 aujourd’hui.
En parallèle, Eqiom utilisera davantage le calcaire des 80 ha de ses carrières voisines afin d’augmenter sa production de clinker, passant de 600 000 à 1 Mt, avec l’objectif de ne plus importer de clinker à terme. Cette première phase représente un investissement de 200 M€. Pour lequel le cimentier a sollicité le soutien de l’Etat à travers l’Ademe.
La seconde phase de « K6 » s’appuie sur la mise en œuvre, à horizon six ans, d’une solution cryogénique de captation de la quasi-totalité du dioxyde de carbone libéré lors de l’activité de la cimenterie. Baptisée Cryocap Oxy et développée par Air Liquide, elle consiste à liquéfier le CO2 capté en sortie de four. Ce CO2 liquéfié sera ensuite acheminé vers le futur « Hub CO2 » du port de Dunkerque puis transporté par bateau jusqu’au large de la Norvège où il sera stocké dans des formations géologiques profondes.
Eqiom et Air Liquide ont d’ores et déjà reçu un financement de 153 M€ du fonds d’innovation de la Commission européenne pour leur projet commun.
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