[Point de vue] Discernement
Publié le 10/01/2024 2 minutes de lecture
D’un aveuglement à un autre. Longtemps, les décideurs politiques ont – à l’image de leur population- préféré fermer les yeux devant la catastrophe climatique annoncée par les Cassandre. Ils ont, ainsi, continuer à construire bâtiments et infrastructures, comme si de rien était.
Désormais, éboulis par les dangers des émissions carbone, certains souhaiteraient à l’inverse stopper tous les chantiers, qu’ils concernent une autoroute, un immeuble d’habitation ou un équipement public.
Alors oui, à première vue, la logique apparait implacable : l’ouvrage le plus décarboné est celui qu’on ne construit pas. Mais à ce compte-là, il faudrait arrêter de se déplacer, de se loger, de travailler, de manger… Or, les nécessités actuelles restent immenses. A quoi bon préserver l’avenir si l’on hypothèque le présent ? Les générations futures exigent que nous ne les sacrifions pas pour assouvir nos désirs immédiats, pas que l’on sacrifie nos propres besoins élémentaires.
Alors, aux invocations simplistes, on préfèrera la complexité de la réalité : la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’impose pas de plonger dans du formol nos villes et nos vies. Elle réclame au contraire un surcroît d’intelligence dans la conception d’ouvrages plus durables, une dynamique d’innovation au service de matériaux et de modes constructifs plus sobres. Mais aussi, certainement, une exigence de lucidité plus grande lorsqu’il s’agit d’évaluer la pertinence d’un programme face aux enjeux climatiques. Certains, c’est vrai, ne sont plus souhaitables.
Construire juste ce qu’il faut, là où il faut, comme il faut : c’est certainement l’un des défis les plus exigeants auquel les acteurs de la construction sont confrontés depuis des décennies. Ces derniers –et c’est heureux- se sont déjà mis en ordre de marche. Des architectes aux industriels, des élus locaux aux majors du BTP, des promoteurs immobiliers aux bureaux d’études : toute la filière cherche la voie, étroite, qui permettra de répondre aux besoins d’aujourd’hui sans hypothéquer ceux de demain. Avec clairvoyance.
Fabien Renou – Le Moniteur