Logistique : les pistes pour décarboner le dernier kilomètre
Publié le 02/08/2023 2 minutes de lecture
par la rédaction de decarbonation2030
Le poids des transports dans la pollution est connu et dans cette équation, on sait que la variable du dernier km est la plus complexe de l’équation. Les livraisons du dernier km sont d’autant plus souvent pointées du doigt qu’elles participent directement à la pollution locale, important problème de santé publique dans les villes. Pourtant des solutions existent, notamment en zones urbaines.
La logistique urbaine représente un quart des émissions de CO2 et près de la moitié des émissions de particules fines en ville. Ces effets néfastes sont amplifiés depuis plusieurs années par l’essor du e-commerce qui génère naturellement des flux de livraisons considérables. Deuxième pays européen le plus dynamique sur marché du e-commerce derrière le Royaume-Uni, mais devant l’Allemagne, la France a représenté 146 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour le secteur en 2022 et devrait passer le cap des 200 milliards à l’horizon 2025 (1).
Près d’un milliard de colis sont livrés chaque année en France pour un bilan carbone estimé à près d’un million de tonnes équivalent CO2 par l’Ademe. 500 000 colis sont quotidiennement livrés à Paris et 170 000 à Lyon.
Accélérer le verdissement des véhicules, notamment via l’électrique
Entre les contraintes propres à la géographie des zones urbaines et celles relevant du cadre réglementaire (horaires, nuisances sonores, etc.), les marges de manœuvre existent, mais sont étroites. Les ZFE (zones à faibles émissions) ont mis en évidence ces difficultés avec une grande acuité. La légère inflexion du comité interministériel sur le déploiement des ZFE ne doit pas faire oublier que c’est le sens de l’histoire. Dès lors, quelles solutions sont envisageables à très court terme ?
Dans les zones urbaines, les livraisons s’opèrent majoritairement par camions, véhicules utilitaires légers et dans une moindre mesure par deux-roues. Pour avoir un impact direct sur la pollution, le verdissement des véhicules est une solution évidente. Les entreprises et les collectivités peuvent se tourner vers les énergies alternatives qui sont déjà disponibles (véhicules électriques, au gaz…). Ces derniers temps, l’offre de VUL électriques, mais aussi de petits camions électriques connaît un fort développement. Souvent pour un coût plus élevé il est vrai, mais on peut aussi le considérer comme un investissement, car si les normes se durcissent, l’activité des entreprises n’est pas menacée. D’autres véhicules sont aussi de nouvelles options : triporteurs, vélos cargos, vélos à assistance électrique ou non.
De nouvelles organisations dans les villes
Cependant, le traitement du poste « véhicules » ne saurait suffire et il faut aussi repenser les organisations des villes. On pense notamment aux hubs et micro-hubs, ainsi qu’aux lockers ou consignes automatiques, comme celles d’Amazon par exemple.
En 2023, France Supply Chain et l’Association Internationale de Recherche en Logistique et Supply Chain Management (AIRL-SCM) ont décidé de récompenser une publication scientifique (2) des chercheurs Antoine Robichet (Université Gustave Eiffel), Patrick Nierat (Ecole des Ponts ParisTech) et Francois Combes (Université Gustave Eiffel). L’étude a analysé les données issues de 600 000 opérations effectuées par l’entreprise de transport de colis DB Schenker sur deux mois à Paris pour parvenir à la conclusion qu’au-delà de l’apport environnemental positif, les vélos cargos sont plus rentables que les VUL électriques du point de vue du TCO (coût total de détention). « Les opérations avec des vélos-cargos supposent que les envois éligibles sont d’abord acheminés vers des micro-hubs dans la ville avec un VUL électrique, puis livrés avec un vélo-cargo », précisent les chercheurs.
Exploiter tout le potentiel des datas et de l’IA
Puisqu’il est question de datas, il convient de mentionner l’apport des logiciels complexes pour optimiser la planification des tournées. Cette couche télématique peut être complétée par des applications plus simples, mais qu’un très large public peut s’approprier.
Les initiatives de bon sens sont aussi à envisager dans le spectre des solutions (favoriser le retrait des colis sans véhicule polluant, contrôler les retours, limiter au maximum le roulage « à vide », mutualiser les livraisons, etc.).
A court terme, plusieurs indicateurs permettent de penser que des progrès significatifs vont être réalisés dans les villes au premier rang desquels se trouvent le développement des véhicules propres, la montée en puissance de programmes publics-privés de type Interlud, ou encore l’amélioration du traitement de la data et des outils d’IA.
par la rédaction de decarbonation2030
(1) Source : Fevad
(2) Publication intitulée « First and Last Miles by Cargo Bikes : Ecological Commitment or Economically Feasible ? The Case of a Parcel Service Company in Paris » et parue dans la revue scientifique Transportation Research Record.