Le véhicule électrique chinois relance un curieux réflexe protectionniste
Publié le 24/05/2024 3 minutes de lecture
La transition vers l’électrique attise la bataille industrielle et commerciale entre trois grandes régions : les États-Unis, la Chine et l’Europe. Chacun de ces trois grands marchés annonce ses mesures protectionnistes à travers des taxes sur les importations qui peuvent aller jusqu’à 100 %.
Le véhicule électrique ravive les mesures protectionnistes sur les grands marchés automobiles.
© Auto Infos
Une seule donnée résume bien l’ampleur du problème chinois dans l’automobile mondiale : l’an dernier, environ 35 % des voitures électriques exportées dans le monde étaient chinoises, selon les données de l’ACEA. Sur le plan commercial, la pression des constructeurs chinois n’a jamais été aussi forte. L’Europe et les États-Unis ont tenté de se défendre à travers des investissements massifs dans l’électrique, mais cela s’est avéré insuffisant : le véhicule électrique reste inabordable et lorsque les aides des États cessent, le marché s’effondre. Il ne reste qu’une arme : les droits de douane. Plusieurs constructeurs occidentaux sont déjà en grande difficulté dans le secteur de l’électrique et se trouvent sans aucune solution technologique.
Une bulle fictive autour d’un marché
À l’heure où l’Europe tergiverse sur une hausse éventuelle des droits de douane appliqués aux véhicules électriques chinois, cette augmentation pourrait atteindre jusqu’à 20 % de manière ciblée et pourrait être annoncée en juin prochain. De leur côté, les États-Unis n’ont pas fait dans la demi-mesure. Le président Joe Biden a annoncé quadrupler les droits de douane pour les porter à 100 %. La Chine, en réponse, prépare une taxe de 25 % sur les grosses cylindrées essence. Même si la Chine s’abrite derrière les règles de l’OMC, le protectionnisme est en marche pour permettre à l’Europe et aux États-Unis de gagner quelques années de retard technologique sur les Chinois.
À terme, il est possible que les trois principaux marchés mondiaux : les États-Unis, l’Europe et la Chine, appliquent mutuellement les mêmes taxations sur l’importation de voitures dans leur région. Carlos Tavares, CEO de Stellantis, décrit à juste titre les conséquences de telles mesures protectionnistes. « Lorsque vous mettez une bulle autour d’un marché, que ce soit le marché américain ou le marché européen, la première chose que vous créez, c’est une énorme inflation à l’intérieur de la bulle », a-t-il estimé sur France 2. Et d’expliquer : « Si vous créez une énorme inflation à l’intérieur de la bulle, vous portez atteinte au pouvoir d’achat des classes moyennes (…), et vous accentuez le retard technologique des constructeurs qui sont à l’intérieur de la bulle par rapport à ceux qui sont en train de conquérir le monde. »
Retard technologique et inflation
Le problème de cette course aux droits de douane déclenchée aux États-Unis et en Europe, c’est qu’elle peut certainement protéger temporairement les intérêts de ces marchés. Cependant, cela ne suffit en aucun cas à combler le retard technologique par rapport à la Chine. L’Empire du Milieu possède une avance technologique considérable dans le domaine du véhicule électrique, et il faudra probablement plusieurs années pour réduire l’écart entre les grands constructeurs occidentaux et la multitude de constructeurs chinois, tous très agiles.
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