L’automobile passe aux actes

Publié le 20/10/2023      2 minutes de lecture

Pour verdir son bilan carbone, le secteur automobile doit agir sur tout le cycle de vie de la production. En rassemblant les acteurs de la filière, CARES European Forum, organisé à Paris les 23 et 24 novembre 2023,  œuvre pour la mise en place d’un processus de fabrication durable.

Travailleur sur la chaîne de production d'une usine automobile

En Europe, la seule consommation d’énergies liquides fossiles des véhicules représente près de 25% des émissions de gaz à effet de serre du continent. Il faut bien sûr ajouter à ce constat le bilan carbone de la construction automobile elle-même. L’Asie fabriquait en 2022 près de 60% des véhicules (source Inovev) produits dans le monde, alors que l’Europe importe et exporte de plus en plus, mondialisation oblige. Second point noir, les voitures ne cessent de s’alourdir. Cette évolution gomme en partie les gains réalisés en termes de consommation.

Dans son « Green Deal », l’UE fixe un objectif de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre (GES) des voitures en 2030 par rapport à 2021. La réglementation européenne CAFE prévoit une interdiction de vendre des véhicules neufs à moteurs thermiques d’ici 2035. 

Décloisonner  

Des plateformes comme Cares font avancer les choses. Ce forum transdisciplinaire permet aux constructeurs, équipementiers automobiles et spécialistes de la décarbonation d’échanger deux fois par an à Détroit aux Etats-Unis, et à Paris. « Notre voulons faire évoluer les pratiques de fabrication automobile, nous œuvrons à l’installation d’une collaboration entre les différents secteurs. Au sein de CARES, les participants découvrent et discutent des stratégies innovantes et des nouvelles opportunités commerciales liées à la fabrication durable. Il n’existe aujourd’hui aucun référentiel ou indicateur pour que les acteurs puissent se situer », explique Bin Wu, directrice événement à CARES. « Partout les acteurs se mobilisent, mais les constructeurs travaillent en silos et cela rend difficile la définition d’une stratégie globale »

Le passage à l’électrique fait partie des solutions, mais ne suffira pas. Dans un avis publié fin 2022, l’Ademe affirme que « sur l’ensemble de sa durée de vie, une voiture électrique roulant en France a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique, à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable (< 60 kWh1). Avec une batterie de taille supérieure, l’intérêt environnemental n’est pas garanti ».

Le 25 mai 2023, la « filière automobile et mobilités » (PFA) dévoilait ses propositions, en « identifiant l’ensemble des leviers de décarbonation ». PFA estime que « l’effort à fournir est tel qu’il est nécessaire d’agir sur l’intégralité du périmètre du cycle de vie du produit ».

De la parole aux actes

Le secteur automobile doit donc rendre durable la fabrication (généralisation du recyclage, du tri, de l’utilisation de matières premières bas carbone et d’énergies non fossiles dans les usines), fabriquer dans les régions de consommation, mettre sur le marché des véhicules propres (à hydrogène ou électriques), favoriser la réparabilité des voitures (baisse du prix des pièces détachées)… Autant de vastes et coûteux chantiers.

La plupart des constructeurs propose une gamme complète de voitures électriques. En août 2023, ce segment représentait en Europe 20% des ventes, contre 11% en 2022 et 1% en 2019. L’hydrogène représente également une option. Tous les géants du secteur, Stellantis, Renault, Michelin avec Symbio, Forvia, planchent sur le sujet.

Un véritable catalogue d’actions… ou de projets

 30 % des véhicules BMW seraient déjà fabriqués à partir de matériaux recyclés et réutilisables. La firme allemande espère porter ce taux à 50%. Ainsi, les revêtements de sol de certains modèles électriques sont fabriqués à partir de filets de pêche usagés. 99 % des déchets générés par la production interne sont recyclés ou valorisés. Les ateliers utilisent des peintures mates fabriquées à partir de matières premières renouvelables en lieu et place du pétrole. « Nous nous sommes fixés pour objectif de mettre en place la chaîne d’approvisionnement la plus durable de toute l’industrie automobile », affirme BMW. BMW Group a conclu plus de 400 contrats avec ses fournisseurs pour qu’ils migrent vers 100 % d’électricité verte. Les usines du groupe utilisent de plus en plus dans leur mix énergétique des éoliennes, des panneaux solaires ou de la cogénération.

 

Son concurrent Renault a pris l’engagement d’atteindre la neutralité carbone en Europe en 2040 et dans le monde en 2050. Déjà, Renault affirme que dans ses usines françaises, espagnoles et slovènes, 100% de l’énergie consommée est d’origine renouvelable. Le taux atteint 92% à Tanger. Son site de production de Flint se consacre exclusivement au recyclage des véhicules. Dans l’électrique, la fabrication de ses nouvelles batteries permettrait de réduire de 20% les émissions de CO2.

 

Par la rédaction Decarbonation2030