La logistique urbaine à l’heure verte
Publié le 11/09/2023 3 minutes de lecture
par la rédaction de « La Gazette des communes »
La crise du Covid et le changement climatique ont poussé les collectivités à s’emparer d’un sujet qui s’autorégulait : la logistique urbaine. La mise en place des zones à faibles émissions accélère aussi la nécessité d’aller au-delà de la gestion des horaires de livraisons. Enquête sur un secteur en pleine transition.
Est-ce parce que « les colis ne votent pas », selon une célèbre formule d’Anne-Marie Idrac, ex-ministre et présidente de Logistique France, que les collectivités se sont peu intéressées, jusqu’à ces dernières années, à la logistique ? Force est de constater que la thématique a longtemps été ignorée par les élus locaux, qui préféraient laisser les acteurs privés se charger de cette « matière sombre » cachée dans de lointains entrepôts et acheminée de préférence la nuit.
« Il faut se rappeler qu’au départ ce n’est pas une compétence des collectivités, rappelle Hélène de Solère, cheffe de projet “logistique urbaine” au Cerema. Ce sont d’abord les considérations environnementales qui ont poussé certains acteurs publics locaux à s’intéresser à la question, le s
Le parent pauvre de la chaîne
Les schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet) doivent inclure un volet sur la logistique, comme les schémas de cohérence territoriale (Scot), mais ils restent, pour la plupart, théoriques. Selon Hélène de Solère, « la logistique est devenue un sujet pour les élus locaux, avec le déploiement des zones à faibles émissions et la prise de conscience de l’importance de l’acheminement des marchandises durant les confinements ».
Plus sarcastique, Stéphane Bettini, président du groupe d’investissement et de gestion immobilière Mont Thabor, qui lance, cette année, des hôtels de logistique urbaine à Paris, explique que « les élus locaux se sont intéressés à la question logistique quand elle est devenue un problème pour leurs électeurs ». Nuisances sonores, conflits d’usage dans l’espace public et travail précaire des livreurs ont créé des crispations qui ont acculturé les élus à la logistique dite « du dernier kilomètre », le parent pauvre de la chaîne.
Au Salon de l’innovation, du transport et de la logistique, en mars à Paris, les acteurs de la logistique étaient tous d’accord pour dire que la combinaison de l’explosion de l’e-commerce et de la transition écologique transforme le secteur. A l’ouverture, Eric Hémar, président de l’Union des entreprises transport et logistique de France (Union TLF), a résumé les enjeux de la filière : « Les citoyens veulent désormais un article tout de suite, sans renoncer à une gamme large de produits. C’est à nous, logisticiens, de nous adapter à cette demande, tout en respectant les règles liées au zéro artificialisation nette des sols et aux futures zones à faibles émissions. Mais nous ne pourrons pas le faire sans l’aide des pouvoirs publics. »