La hausse des prix de l’électricité va-t-elle avoir raison de la transition énergétique du parc automobile ?
Publié le 08/09/2023 4 minutes de lecture
par la rédaction de « Auto Infos »
Les prix des énergies ont atteint des sommets ces derniers mois, contraignant ainsi l’État à réagir tandis que les entreprises et les particuliers se résignaient à moins consommer. Et si la crise énergétique actuelle affectait durablement la mobilité électrique ?
La France enchaîne les crises. Après deux années harassantes marquées par la pandémie de Covid-19, particuliers et professionnels aspiraient à (re)prendre une vie normale. Mais la crise sanitaire est venue perturber l’équilibre économique et industriel mondial. Dans le secteur automobile, cela a notamment donné lieu à des pénuries de composants – dont les fameux semi-conducteurs indispensables dans toute automobile – ou de matières premières, allongeant ainsi les délais de production et donc de livraison. Ce qui a conduit à renchérir le coût des véhicules, y compris d’occasion.
Depuis un peu plus d’un an maintenant, voilà que les Européens, et donc les Français, font face à une crise énergétique débutée en même temps que le conflit armé opposant la Russie à l’Ukraine. En réalité, « la situation que nous connaissons est une tempête parfaite, soit la somme de plusieurs événements », tempère Xavier Pinon.
Lancée en plein cœur de l’hiver, la guerre en Ukraine – fortement médiatisée – a bien entendu contribuée au phénomène car « une partie de l’électricité européenne est produite à partir du gaz et, à partir du moment, où la Russie a commencé à couper le robinet, les coûts ont augmenté », rappelle le cofondateur du comparateur Selectra. Mais le terreau de la crise était déjà là avant le début de l’offensive.
« La hausse des prix de l’énergie ? Une tempête parfaite ! »
« Il y a eu des retards de maintenance du parc nucléaire français liés aux confinements successifs, puis des problèmes de corrosion sous tension sur les réacteurs d’EDF et enfin, un épisode de sécheresse qui a fortement réduit la part d’hydroélectricité habituellement produite », pointe encore cet expert, auteur de l’ouvrage « Le marché de détail de l’énergie : la concurrence en action dans l’électricité et le gaz » (L’Harmattan).
Au point qu’en août 2022, au moment où les fournisseurs débutaient leurs achats d’électricité pour l’hiver – et que les différents États européens cherchaient, eux, à sécuriser leurs réserves de gaz pour cette période – le mégawattheure (MWh) d’électricité atteignait sur les marchés de gros la somme astronomique de 1 300 euros contre une moyenne de 50 euros habituellement.
« Le prix de gros est l’une des trois composantes du prix de détail payé par le consommateur, à côté du coût des réseaux et du montant des taxes », rappelle l’économiste Jacques Percebois dans une publication de l’association Équilibre des énergies. Une structure fédérant des entreprises des secteurs de l’énergie, du bâtiment et de la mobilité et faisant la promotion de mesures concrètes pour une transition énergétique durable. Par ailleurs directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie (CREDEN), ce dernier souligne également que « la hausse du prix du CO2 sur le marché européen du carbone [60 €/t, ndlr] a accentué le phénomène et, comme la France est importatrice d’électricité carbonée aux heures de pointe, elle a subi ces augmentations », répercutées aux clients finaux : industriels, entreprises et particuliers.
L’État à la rescousse, au grand dam des finances publiques
Dans cette « tempête parfaite », l’exécutif a rapidement pris conscience qu’il fallait agir. Et ce, sur plusieurs fronts. « Tous les outils possibles ont été mobilisés : les modalités de calcul des tarifs réglementés de vente d’électricité ont changé, des baisses de taxes ont été appliquées tandis que qu’un dispositif de compensation tarifaire a été mis en place par l’État, qui prend à se charge une partie de la différence de prix », énumère Xavier Pinon. Ce qui n’est pas sans conséquence pour les finances publiques.