La France va manquer de biomasse pour se décarboner
Publié le 25/11/2023 2 minutes de lecture
Malgré sa riche agriculture et ses forêts, la France va manquer de biomasse pour se décarboner. Le réchauffement climatique réduit les volumes disponibles alors que divers scénarios prospectifs récents envisagent tous un doublement des usages de biomasse non alimentaire.
Un stock de bois destiné à l’alimentation du four de la raffinerie de Cristal Union, à Bazancourt (Marne).
La biomasse ? Tout le monde en veut ! Les gaziers, qui misent tout sur elle pour verdir 100% du gaz que la France consommera d’ici à 2050. Les collectivités locales et les industriels, qui l’utilisent de plus en plus pour décarboner la production de chaleur. Les producteurs de biocarburants routiers, aériens ou maritimes, qui en cherchent partout en attendant la baisse des coûts de production des alternatives de synthèse. Mais tous ne seront pas servis : les ressources en biomasse de la France ne vont pas suffire à couvrir ces besoins. Et en importer n’est pas franchement une option durable.
Le sujet de la priorisation des usages de la biomasse est donc sur le haut de la pile des dossiers à traiter par Antoine Pellion, le secrétaire général à la planification écologique, qui anticipe des tensions sur la ressource et les bioénergies dès 2030. Pas moins de trois pages de son tableau de bord publié cet été, dont une avec des propositions de hiérarchisation des usages de la biomasse locale, sont consacrées au sujet.
40% d’énergie à remplacer
Pour sortir des énergies fossiles et atteindre la neutralité carbone, la part de l’électricité dans le mix de consommation d’énergie va passer de 25% à environ 60% d’ici à 2050, production d’hydrogène comprise. Il restera encore 40% d’énergie à remplacer pour répondre aux besoins que l’on ne pourra ni électrifier ni passer à l’hydrogène. Même si la France atteint ses objectifs de sobriété et baisse de 40% sa consommation d’énergie d’ici là, le compte n’y sera pas.
«Cela fait des années que l’on dit que l’on a vendu cinq fois la biomasse dans ses différents usages», clame Emmanuelle Wargon, la présidente de la Commission de régulation de l’énergie, qui appelle à une grande vigilance sur ce sujet. D’autant plus que le changement climatique diminue le volume de biomasse disponible. «Nous avons un vrai sujet de capacité de production de biomasse. Les usages potentiels dépassent les ressources dont nous disposons sur notre territoire, pourtant riche en cultures et en forêts», explique de son côté Roland Lescure, le ministre de l’Industrie. «Le bouclage offre-demande ne se fait pas», renchérit Thomas Veyrenc, le directeur général chargé de la prospective de RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité, dont les bilans prévisionnels donnent le ton de la politique énergétique gouvernementale.