Gestion de flottes d’entreprises : quel est le bon timing pour passer à l’électrique ?

Publié le 08/08/2023  4 minutes de lecture
par la rédaction de decarbonation2030
Si de nombreuses entreprises ont débuté l’électrification de leur parc de véhicules, d’autres hésitent encore. Au regard du cadre législatif européen et français et du choix des constructeurs il semble indiqué de s’engager dans cette voie pour piloter la transition écologique des organisations de manière fluide.  
La première étape à suivre pour initier ou accélérer l’électrification d’une flotte consiste à réaliser un audit de la flotte existante (nombre de véhicules, mix énergétique, car-policy, coûts, etc.). Il peut être réalisé en interne ou en faisant appel à un prestataire extérieur, cette décision dépend des ressources disponibles, notamment l’existence ou non du poste de gestionnaire de flotte, souvent appelé gestionnaire de mobilités.  

La deuxième étape réside dans la définition d’une carte des besoins de mobilités de l’entreprise, en toute objectivité et en tout pragmatisme, cela va sans dire. En effet, le choix de la technologie doit être dicté par les usages, c’est la règle d’or. C’est valable pour les véhicules de service, naturellement, mais aussi pour les véhicules de fonction. 

Si le choix de véhicules essence ou diesel peut s’expliquer dans certaines circonstances, le passage à l’électrique peut prendre différentes formes ou les combiner.  

Quels véhicules choisir pour sa flotte?

 

Le véhicule hybride rechargeable (PHEV) fait valoir un grand atout, à savoir sa polyvalence. Pour les collaborateurs, il peut être une première étape vers la mobilité 100 % électrique, garantissant un changement d’habitudes en douceur. Son autonomie 100 % électrique va croissant et dépasse désormais souvent de seuil des 50 km. Deux points de vigilance : son coût reste élevé et s’il n’est pas rechargé régulièrement, le TCO (« Total cost of ownership » ou « Coût total de détention ») peut vite déraper et son apport environnemental être réduit à néant.   

Le véhicule 100 % électrique (BEV) n’émet aucune émission polluante et offre un réel agrément de conduite. Considéré dans la durée et avec les solutions de recharge adéquates, son bilan économique devient compétitif. L’offre des constructeurs a gagné en profondeur de gamme et les batteries de différente puissance permettent de coller au plus près des usages des collaborateurs. De surcroît, pour une entreprise, son effet image peut être exploité positivement. En outre, sur le front des véhicules utilitaires légers, nombreux dans certaines flottes, l’offre est devenue plus consistante et couvre des usages de plus en plus nombreux. 

On pourrait encore parler des véhicules à hydrogène (FCEV), mais l’offre des constructeurs demeure embryonnaire, à des tarifs élevés, et les infrastructures d’avitaillement ne sont pas disponibles sur l’ensemble du territoire. Le consensus des experts s’accorde pour dire que ce choix technologique sera plus opérationnel dans cinq ans environ. 

Faire les bons choix pour garantir l’accès aux infrastructures de charge 

 

Le passage à la mobilité électrique ne se limite pas au véhicule et il s’agit de s’approprier un nouvel écosystème. Pour les entreprises, un soin particulier aux infrastructures de charge est impératif dans la mesure où c’est ce qui conditionne en grande partie l’acceptabilité pour les collaborateurs. Il faut étudier la recharge sur le lieu de travail, voire au domicile du collaborateur. Chaque gestionnaire de flotte fait ses choix selon la politique de son entreprise et son budget. Pour la recharge en itinérance, les cartes multi-énergies constituent le prolongement des cartes carburants, déjà éprouvées. Par rapport à la problématique des ANE (Avantages en nature), l’Urssaf fixe les règles à suivre.  

La mobilité électrique peut aussi s’enrichir de nombreuses applications qui facilitent la vie des usagers et peuvent même stimuler l’écoconduite.   

Raccordée à la politique RSE de l’entreprise, grands groupes ou PME-TPE, la mobilité électrique peut devenir un levier pour engager les collaborateurs dans une démarche de développement durable.  

En somme, tout est réuni pour passer la vitesse supérieure de la transition énergétique des parcs d’entreprises, surtout que le TCO des véhicules hybrides rechargeables et 100 % électriques devient compétitif, à plus forte raison quand les prix des carburants sont élevés. Le « prix fort » des véhicules électriques peut être lissé par les produits de financement locatifs (LOA, LLD), par une moindre maintenance avérée, et par la sécurité de valeurs résiduelles pour l’heure robustes.

 

 

par la rédaction de decarbonation2030

Un cadre législatif et réglementaire ambitieux qui ne s’accompagne pas encore de sanctions 

La Loi d’orientation des mobilités dite « LOM », vise à encourager les déplacements peu polluants et à réformer les politiques de mobilités. Elle a été confortée par la loi du 22 août 2021 dite « Climat et résilience » qui compte accélérer la transition écologique en France. Ces lois suivent, voire renforcent, les grandes orientations de la Commission européenne (« Paquet climat », « Fit for 55 »…). L’objectif est d’atteindre la neutralité carbone des transports terrestres d’ici 2050. Un palier important de réduction des émissions de CO2 est fixé en 2030, c’est demain ! 

Si les dernières Lois de finances n’ont pas réservé de décisions inattendues ou très contraignantes pour les flottes, l’année 2022 a marqué l’entrée en vigueur des seuils de verdissement pour les entreprises, dans le cadre de leurs flux de renouvellement de véhicules. Pour les entreprises qui gèrent directement ou indirectement un parc de plus de 100 véhicules (< 3,5 t), 10 % du renouvellement doit se réaliser avec des véhicules « faibles émissions ». Par « faibles émissions », il faut comprendre un niveau d’émissions de CO2 ne dépassant pas 60 g/km, c’est-à-dire des véhicules électriques. Ce seuil doit être revu à la hausse (20 %) au 1er janvier 2024. 

Par rapport aux objectifs européens jalonnant la voie vers la neutralité carbone en 2050, la France compte réduire de 50 % ses émissions d’ici 2030, par rapport à 1990, pour atteindre 270 millions de tonnes de CO2 équivalent par an, contre 408 millions en 2022. La moitié du chemin a été faite, avec une réduction de 25 % depuis 1990. L’autre moitié du chemin doit être faite en huit ans. 

Par ailleurs, simultanément, les Zones à faibles émissions (ZFE ou ZFE-m), qui impliquent des restrictions de circulation dans les grandes agglomérations selon la vignette Crit’Air des véhicules, se mettent en place. Plusieurs métropoles ont d’ores et déjà déployé un dispositif ZFE et d’autres s’apprêtent à le faire. Certes, au début du mois de juillet 2023, un comité interministériel, piloté par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, a décidé d’assouplir certaines restrictions liées aux ZFE et a donné plus de latitude calendaire à certaines villes pour adapter leur schéma. Toujours est-il que c’est un mouvement de fond. Ainsi onze villes françaises ont mis en place une ZFE et on les compte par centaines en Europe. Les assouplissements accordés permettent de mieux anticiper les situations à venir, mais ne remettent pas en question le principe de ZFE.