Changement climatique : Valérie Masson-Delmotte présente les dernières connaissances aux experts du BTP

Publié le 23/01/2025      5 minutes de lecture

En ouverture du Lab Recherche Environnement de Leonard, la paléoclimatologue est revenue sur les travaux du Giec. Le BTP est en première ligne de l’atténuation comme de l’adaptation. 

Ville inondée
Inondations aux Emirats arabes unis.

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Valérie Masson-Delmotte est l’une des rares personnes qui parvient à parler du changement climatique sans créer immédiatement un immense sentiment d’éco-anxiété. Mieux, l’ancienne co-présidente du Groupe 1 du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) parvient même à mobiliser ses interlocuteurs. Quand la paléoclimatologue qui est aussi directrice de recherche au CEA s’adresse aux experts de la construction, c’est pour présenter les dernières connaissances scientifiques et proposer des pistes d’action concrètes. Elle a ainsi pris la parole en ouverture de la dernière session du Lab recherche environnement de Leonard sur l’adaptation au changement climatique.

Premier point à retenir : « les trajectoires envisagées par les scientifiques sur de futures émissions de gaz à effet de serre (GES) élevées et très élevées sont maintenant beaucoup moins plausibles. Mieux, la trajectoire qui extrapole les émissions à partir des politiques publiques déjà mises en œuvre montre que l’humanité se dirige vers un scénario de réchauffement intermédiaire », pose Valérie Masson-Delmotte. Concrètement, si les émissions mondiales de GES continuent à croître, elles augmentent plus lentement que lors de la décennie précédente.

40 milliards de tonnes de CO2 émises chaque année

Autre information importante sur laquelle insiste la spécialiste du climat : « nous entrons dans une décennie critique. Si les engagements de l’Accord de Paris, du Green deal européen et des autres accords sont tenus à travers le monde, alors nous pourrions connaître un pic d’émission de GES suivi d’une baisse. Ce pic est passé depuis 2005 pour l’Europe comme aux Etats-Unis et il pourrait se produire en 2025 pour la Chine. » Malgré tout, nous émettons aujourd’hui chaque année 40 milliards de tonnes de CO2.

Les émissions de gaz à effet de serre de l’humanité font que nous nous orientons vers un scénario de réchauffement intermédiaire. © IPSL/LSCE/Université Paris-Saclay

Le fait de respecter les engagements internationaux pourrait permettre de matérialiser cette inflexion. Mieux, si ceux pris dans le cadre de la COP 28 sont tenus, relatifs au triplement des énergies renouvelables dans le monde et au doublement des gains d’efficacité énergétique, « ils permettront à eux seuls d’abattre d’environ 10 % les émissions liées aux énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon) dans le monde », insiste la paléoclimatologue.

Augmentation moyenne des températures du Globe de 1,2 °C

Malgré ces informations encourageantes, les nouvelles sur le front du climat demeurent extrêmement préoccupantes. Ainsi, si les émissions semblent entamer une décrue, le réchauffement lui se poursuit toujours à un rythme élevé du fait de l’augmentation des GES dans l’atmosphère. Cela se traduit par une augmentation moyenne des températures de 1,2 °C observée sur 10 ans en moyenne, avec, pour la première fois en 2024, une hausse de 1,5 °C au niveau planétaire. « Ce résultat va se représenter et quand ce sera le cas tous les deux ans, nous considérerons que le cap du + 1,5 °C est franchi. Ce seuil est attendu pour la décennie 2030 », répète Valérie Masson-Delmotte.

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par Géraldine Dauvergne – L’Argus de l’Assurance