Bilan carbone, mode d’emploi
Publié le 10/10/2023 3 minutes de lecture
Le bilan des émissions de gaz à effet de serre va progressivement devenir un document aussi indispensable que le bilan comptable.
Pour l’instant, seules les entreprises publiques, les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants, les établissements publics de plus 250 agents et les entreprises de plus de 500 salariés (250 hors métropole) ont obligation de réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES). Il sera renouvelé tous les trois ans pour le secteur public et tous les quatre ans pour le privé.
Le BEGES prend en compte les scopes 1 (émissions directes de la structure), 2 (émissions indirectes liées à l’énergie) et 3 (toutes les autres émissions indirectes, notamment celles des fournisseurs et des clients générées pour votre activité). Progressivement, tous les acteurs économiques seront concernés, car pour calculer le scope 3, les donneurs d’ordres devront demander à leurs fournisseurs leur bilan carbone. Le publier constitue un réel atout pour l’entreprise pour séduire des clients, des investisseurs ou des talents.
Il est possible d’évaluer à la louche son bilan carbone avec des estimateurs en ligne gratuits. L’ADEME met à disposition un calculateur qui ne couvre que le scope 1. De nombreux sites proposent également ce service gratuitement mais il débouche généralement sur une offre commerciale.
Quel prestataire choisir ?
Chaque bilan doit être systématiquement accompagné d’un plan de transition.
La solution « interne » passe généralement par une formation certifiante, non obligatoire, délivrée par l’Association Transition Bas Carbone. Elle coûte 1 100 € à 1 250 €. Si le bilan carbone est destiné à un usage interne, l’ATBC propose une initiation gratuite.
Les prestataires proposant un logiciel de bilan carbone sont nombreux sur le net. Plus intuitifs que les tableaux Excel de l’Ademe, mais par définition sans contact humain, ces outils représentent un investissement variant de 900 à 15 000 € en fonction des supports choisis.
Passer par un conseiller freelance ou un cabinet de conseil spécialisé représente à la fois une solution de facilité et de sécurité. Certains ont pignon sur rue comme Carbone 4, EcoAct ou Utopies. Mais tout cela à un coût qui se chiffre parfois en dizaines de milliers d’euros.
« Le choix doit se faire en fonction de l’activité de l’entreprise et de la qualité des outils de suivi qu’elle utilise », explique Hervé Lefebvre, chef du pôle trajectoire de l’ADEME. « En règle générale, pour un premier bilan, mieux vaut passer par un prestataire extérieur afin de mettre les procédures en place ». Le spécialiste conseille de choisir une structure affichant la norme ISO 14067. « Un bon bilan, complété par des préconisations de qualité coûte en moyenne 8 000 € », estime-t-il.
L’État ne prévoit pas d’aide pour les structures ayant l’obligation de réaliser un bilan carbone. En revanche, pour leur premier bilan carbone, les autres structures peuvent bénéficier du Diag Décarbon’Action mis en place par la BPI (Banque Publique d’Investissement) et l’ADEME.
Un point de départ pour réduire son impact carbone
Avec l’introduction du scope 3, beaucoup d’acteurs économiques doutent de la fiabilité des BEGES. Pour Hervé Lefebvre, « l’objectif n’est pas d’obtenir un chiffre. Il s’agit d’évaluer un produit sur la totalité de son cycle de vie, puis de mettre en place des mesures pour réduire l’impact carbone, de les partager avec tous les acteurs de l’entreprise et enfin de mesurer quatre ans plus tard les progrès réalisés ».
Pour aider les opérateurs, l’ADEME fournit des données sectorielles, sans doute encore trop approximatives, mais dont la qualité s’améliorera d’année en année avec la généralisation des BEGES. « L’important, c’est l’évolution, pas l’instrument de mesure », poursuit Hervé Lefebvre. « Le bilan constitue un point de départ, pas une fin en soi ».
Pour en savoir plus ADEME : https://bilans-ges.ademe.fr/ Association Transition Bas Carbone : https://abc-transitionbascarbone.fr/ |
Par la rédaction Décarbonation2030