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5 solutions pour un éclairage public bas carbone

Publié le 18/12/2023      2 minutes de lecture

Avec onze millions de lampes, l’éclairage public représente plus de 32% de la consommation électrique des collectivités1 pour environ 670 000 tonnes de CO2 émis par an². Il constitue un levier de décarbonation relativement facile à actionner, car diminuer les émissions permet de réaliser d’importantes économies et de limiter les nuisances sur la biodiversité. L’État pousse donc en ce sens avec un « fonds vert » de deux milliards d’euros disponible depuis janvier 2023. D’après le Cerema, l’éclairage public représente 37% des dossiers déposés par les collectivités.

éclairages urbains

@ Adobe Stock

Solution 1 : Couper l’éclairage la nuit

30 à 40 % des communes françaises y ont recours. Mais quelques élus font machine arrière car stopper l’éclairage la nuit provoque au sein de la population un sentiment d’insécurité routière et de peur liée à la délinquance. Pour Paul Verny, responsable de la mission « éclairage, maîtrise de l’énergie et des nuisances liées à la lumière » au Cerema (Centre d’études et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement), il s’agit d’une bonne solution « à condition de permettre l’accès à la ville la nuit à tous, sans pénaliser les personnes âgées, les femmes seules et les mal voyants. Nous alertons les communes sur les risques d’accidentologie pour les vélos et les piétons si la lumière est coupée trop tôt ».

Solution 2 : Passer aux ampoules LED

En fonction des sources, le taux d’équipement des éclairages publics en ampoules LED oscille entre 25% et 30%, avec une très forte accélération depuis deux ans, notamment grâce aux aides publiques liées au fonds vert. « Le remplacement à terme des 70 % restant générera de l’ordre de 50 % d’économie par rapport à la situation actuelle », affirme l’AFE (Association Française de l’Éclairage). Associé à un système optique performant, la LED permet de « maîtriser la forme du faisceau lumineux et de le diriger là où il doit aller avec une meilleure précision » explique le Cerema. Moins de lumière perdue, c’est moins d’énergie consommée. Cerise sur le gâteau, la LED permet de moduler l’intensité de l’éclairage et donc de mettre en œuvre notre solution 3.

Solution 3. La modulation

L’Ademe estime que « plus de la moitié du parc est obsolète et surconsommateur d’énergie. Près de 40 % des luminaires en service ont plus de vingt ans ». Heureusement, « le rythme annuel de rénovation a doublé ces dernières années, pour atteindre 7 à 8 % », se félicite Paul Verny. Les lampadaires modernes permettent de moduler l’éclairage en fonction de l’heure. Avec cette seule mesure complétant les LED, l’économie réalisée passe de 50 à 70% minimum.

La télégestion représente un gain supplémentaire de 10% en moyenne, pour un surcoût de 15 à 20%. Elle permet un pilotage automatique prenant en compte des critères comme l’heure, le taux de fréquentation, la météo… Des capteurs peuvent même éteindre, réduire ou intensifier la puissance de

l’éclairage, créant ainsi un « train de lumière » qui suit la personne isolée se déplaçant. « L’économie d’émissions de gaz à effet de serre est amplifiée car la gestion à distance évite les déplacements sur le terrain », précise Paul Verny. Cette technologie est mature, s’adresse aux grandes comme aux petites communes, mais reste peu usitée.

Solution 4 : Alimenter en solaire

Les lampadaires équipés de panneaux solaires couplés à des batteries commencent à fleurir dans nos rues. Une solution particulièrement adaptée pour les quartiers et les villages isolés. « Les systèmes sont maintenant très performants, avec des batteries qui peuvent durer quinze à vingt ans », souligne Paul Verny. « De plus en plus de communes optent pour cette solution qui supprime la consommation électrique et évite de tirer un réseau ». Le bilan carbone est en cours de calcul par le Cerema, mais il devrait s’avérer positif sur les 20 à 25 ans de durée de vie d’un lampadaire.

Solution 5 : Réduire le bilan carbone en amont

De plus en plus de collectivités demandent aux fabricants d’inclure leur bilan carbone dans les réponses aux appels d’offres liés à de l’éclairage public. Même si ce n’est pas obligatoire comme dans le BTP, les entreprises commencent à afficher les performances environnementales de leurs produits. Une évolution saluée par Paul Verny. « La consommation électrique d’un éclairage public non équipé en LED représente 20 à 25 % de son bilan carbone, les mats 10 à 15%. Avec la généralisation des LED, ce taux grimpe rapidement. En réaction, les fabricants utilisent moins de plastiques, optent pour des matériaux peu émetteurs de gaz à effets de serre ».

Conserver les mats existants pour ne changer que les blocs optiques à l’occasion du passage aux LED apparaît également comme une solution vertueuse. Malheureusement, le rétrofit n’est pas valorisé dans les certificats d’économie d’énergie et donc ne donne pas accès à une aide financière, contrairement au remplacement par du neuf.

 

Par la rédaction decarbonation2030

 

 

 

1 : source Ademe 2017

2 : selon un rapport parlementaire publié en janvier 2023